samedi 20 décembre 2014

"Le Hobbit : la bataille des cinq armées" de Peter Jackson

Lorsque je suis allé voir Le Hobbit : la bataille des cinq armées de Peter Jackson, je ne m'attendais pas à aller voir un chef d'oeuvre du cinéma. Mais considérant tout de même que le cinéma reste un art (le septième en l'occurence), même lorsqu'il est populaire, je m'attendais à ressentir des émotions. Le cinéma américain nous l'a prouvé récemment, que ce soit dans Gravity ou Interstellar : on peut faire un film dédié aux masses et faire un objet artistique de qualité. Or, en voyant ce film, j'ai immédiatement pensé à Hannah Arendt qui prédisait déjà il y a bientôt un demi-siècle : "Quand livres ou reproductions sont jetés sur le marché à bas prix et sont vendus en nombre considérable, cela n'atteint pas la nature des objets en question. Mais leur nature est atteinte quand ces objets eux-mêmes sont modifiés - réécrits, condensés, digérés, réduits à l'état de pacotille pour la reproduction ou la mise en image. Cela ne veut pas dire que la culture se répande dans les masses, mais que la culture se trouve détruite pour engendrer le loisir."[1]

N'oublions pas que Le Hobbit est avant tout un très beau livre de J.R.R. Tolkien, universitaire britannique qui, en 1937, invente cet univers mêlant les folklores européens et son imagination pour donner naissance à ce roman qui sera suivi par la célèbre trilogie du Seigneur des Anneaux. L'histoire seule promettait donc une belle mise en images.

A line-up of the American second edition printings of The Hobbit
(source : Strebe, domaine public, via Wikimedia Commons)
Mais passons au film justement. Le problème de ce film a été pointé par Noémie Luciani dans sa critique dans Le Monde du 9 décembre 2014"Indubitablement, la matière s’épuise. Avec Le Seigneur des Anneaux, Peter Jackson avait adapté les trois gros tomes du livre en trois gros films (près de douze heures en tout si l’on cumule les versions longues), qui avaient néanmoins nécessité un certain nombre d’ellipses. Pour Le Hobbit, c’est un très petit livre, écrit par J.R.R. Tolkien en préambule au Seigneur des Anneaux, qu’il adapte à nouveau en trois gros films, de près de trois heures chacun."[2]

The Hobbit: The Battle of The Five Armies Teaser
(source : BagoGames, licence CC BY 2.0, via Flickr)
Tout est dit, ou presque. En effet, le film est trop long. Du point de vue du scénario, soyons clair, on ne comprend rien. Les plans rapides sur des personnages sans profondeur et sans enjeux émotionnels se succèdent. On est dans l'adrénaline et l'enchaînement de plans de batailles monumentales. Le film se résume à ça. Ce qui est le plus grave, ce sont les grands moments d'amateurisme pour un film ayant un tel budget. En voici un exemple : la ville est assiégée par les méchants (orcs, trolls, etc.) et les villageois courent, affolés. Quand soudain, en haut à gauche de l'image, ces mêmes villageois qui courraient se mettent à marcher calmement en arrivant au bout du décor, croyant être hors champ. Et l'image a été gardée au montage, faisant perdre au public tout sentiment d'immersion dans le film. 


Je ne pourrai pas vous dire comment le film se termine puisque (comme cela m'arrive rarement) je suis parti avant la fin pour ne pas continuer à perdre mon temps. 

Le Hobbit : la bataille des cinq armées de Peter JACKSON
Durée : 144 minutes
Date de sortie en France : 10 décembre 2014
Mon avis : 1/5

*****

[1] Hannah ARENDT, La crise de la culture, trad. Patrick Lévy, Paris, Éditions Gallimard, 1972, p. 266
[2] Noémie LUCIANI, "Le Hobbit, la Bataille des cinq armées : Peter Jackson joue les prolongations", in LeMonde.fr, 9 décembre 2014

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